Enfin… ~ Vacances

Décryptage Vacances

Décryptage de la semaine

Depuis quelques jours, une question cruciale se pose. En effet, quelles suites après les législatives que faire pendant les vacances ? Réponse avec le décryptage du O’, la rubrique des bons plans estivaux !

 

Vacare, oh oh, vacare, oh oh oh oh

Notre travail aujourd’hui consiste donc à parler de… vacances. Oh, l’ironie ! A l’origine, il y a l’adjectif vacant (1207), d’après le latin vacare, « être vide »[1]. Il qualifie d’abord une charge ou une dignité à pourvoir[2].

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A pourvoir : poste de testeur de hamac. Références sérieuses exigées !

On l’emploie en particulier en parlant d’une terre qui n’est pas cultivée (1327, terre vagant) et d’un bien qui n’a pas de propriétaire (1378, biens vacants). En moyen français, il désigne une personne libre de son temps, oisive (1489), d’après un sens latin aujourd’hui disparu.

Depuis le début du XVIIe siècle, il qualifie dans un contexte concret un logement, un emploi, etc. disponible (1608)[3].

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Exemple de logement vacant. Je signe tout de suite !

 

Autant en emporte l’estivant

Quand on fait des jeux de mots pareils, c’est que l’on a besoin de vacances. Vacance, justement, dérive de vacant au sens de « oisif »[4]. Il désigne (1594, au pluriel, 1636 au singulier) la période où les tribunaux interrompent leurs travaux, puis par extension les jours de congé (1596).

Les vacances désignent ensuite couramment (1625) le temps durant lequel les études cessent pour les élèves, puis une période de repos pour les adultes (1669) ; d’où jours de vacance(s), « où l’on interrompt le travail pour se détendre » (1762), être en vacances, etc.

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Par extension, le mot se dit (1907) du temps de repos légal accordé aux salariés, puis de la période d’arrêt de travail, qui coïncide en partie avec les vacances scolaires[5].

Le dérivé vacancier, vacancière, apparaît comme nom (1925) puis comme adjectif (1942). Il se répand vers 1950, se substituant en partie à estivant, pour désigner les personnes en vacances dans un lieu déterminé[6].

 

Histoire de vacances

Le concept des vacances apparaît avec les civilisations urbaines, au contraire du monde agricole. En effet, ce dernier voit son rythme du travail dicté par les saisons, avec des périodes de labeur non continues. Ainsi, au Moyen Âge, en Europe de l’Ouest, il existe des « vacances », lors de la période des moissons en été. Les universités ferment alors leurs portes pour permettre d’aller travailler aux champs.

Les vacances se répandent d’abord dans l’aristocratie et la bourgeoisie occidentale, au XIXe siècle. Elles désignent alors la période où les élites quittent leur demeures principales (qui sont donc… vacantes 😉 ) pour leurs résidences secondaires. L’occasion de se ressourcer en pleine nature ou en bord de mer.

Avec les acquis sociaux et le développement des moyens de transport, les vacances ne sont « bientôt » plus réservées aux privilégiés. En France, en 1936, le gouvernement du Front populaire établit les premiers congés payés, pour tous les salariés[7], d’une durée de deux semaines[8]. À la fin des années 1940, avec l’apparition des congés d’été, les vacances deviennent un événement propice au voyage et au dépaysement. Vous connaissez la suite.

Pour conclure ce décryptage, rappelons que si le travail, c’est la santé, alors les vacances sont le meilleur des médicaments !

Hannibal LECTEUR, ne « vacant » vacances

 

En bonus : Vive les vacances ♫ Dorothée (1985) :

 

Notes et références – Vacances

[1] D’où « être vacant, libre », puis « avoir du temps pour » ; vacat signifie à l’époque impériale « il y a temps pour », « il est loisible de » (cf. vaquer).

[2] De là les emplois disparus de vacant de, « privé de » (1300), et être vacant, « suspendre ses fonctions », en parlant d’un abbé (1467).

[3] Afin d’être complet, signalons deux autres emplois. Dans un style littéraire, il signifie « vide, absent (de l’esprit) » (fin XIXe, Mallarmé). Enfin, il a été employé en argot (1900) pour « démuni d’argent ».

[4] De vacant « libre » vient l’emploi (1611) pour « état d’une charge, d’un poste, etc. sans titulaire ».

[5] Par extension du second sens, le mot s’emploie en politique dans la vacance du pouvoir.

[6] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.

[7] Les premiers congés payés font leur apparition le 9 novembre 1853 à la suite de la promulgation d’un décret de Napoléon III. Ils sont alors réservés à un nombre restreint d’activités. Plus d’infos ici.

[8] En 1956, la troisième semaine de congés payés sera instaurée. Puis viendront les quatrième et cinquième (en 1969 et 1981).

 

Retrouvez notre précédent Décryptage → Rougir comme une pivoine