Décryptage de la semaine
De retour des sports d’hiver, O’Parleur vous propose de dévaler les pistes tout schuss une dernière fois !

Ça schussfahrt ? (Blase d’Avoriaz, probablement…)
En préambule, sachez que si :
- pour vous, les sports d’hiver se terminent en fait-divers…
- « La montagne, ça vous perd »…
- … et que vous préférez la formule « bronzer-fondue-sans ski »…
Alors ce billet va vous remettre en piste !

Notre mot du jour trouve son origine dans la langue de Goethe ! En effet, Schuss, nom masculin et adverbe (1933), vient de l’allemand Schussfahrt. Il s’agit d’un terme de ski signifiant littéralement « descente à pic ».
D’un côté, on trouve Schuss pour… « coup de feu, tir »[1], et de l’autre Fahrt pour « marche, parcours ».[2]
Mais quel est le rapport entre un coup de feu et le ski ?
L’hiver en pente schuss
Dans le sport de haut niveau allemand, quand un skieur atteignait une partie de la piste où il devait accélérer, l’entraîneur avait coutume de crier « schuss ! ». Le sportif se mettait alors en position de prise de vitesse, le but étant d’aller aussi vite qu’une balle de fusil.[3]
Le terme s’exporte ensuite dans le jargon sportif international, notamment en France, et devient un cri d’encouragement aux athlètes.
De là vient aussi l’expression tout schuss pour « à toute vitesse, sans s’arrêter ». Consécration ultime : en 1968, on baptise la mascotte des Jeux olympiques d’hiver à Grenoble « Schuss (ou Shuss) le skieur ».[4]


Le mot seul désigne, dans le vocabulaire du ski, une descente en ligne droite à grande vitesse.[5]

À présent vous savez tout. Et si l’hiver en pente schuss ne vous tente pas, vous pourrez toujours savourer l’été en pente douce (et un morceau de gâteau) !
Hannibal LECTEUR, soigne son planté de bâton
En bonus : Just because of you (Les Bronzés font du ski) ♫ Pierre Bachelet (1979)
Notes et références – Schuss
[1] D’après l’ancien norrois skutr (cf. le norvégien skut).
[2] C’est un dérivé de fahren « marcher, se déplacer », d’après une racine indoeuropéenne °per-, °por-, représentée en grec par peran « se frayer un passage » (poreuesthai « voyager »). Notons également l’ancien slave pero, d’après le latin per (cf. par, per-), etc.
[3] D’ailleurs, ne dit-on pas de quelqu’un qui va très (parfois trop) vite : « il a foncé comme une balle ».
[4] C’est le président de l’agence Publinel, M. Gerbain, qui lui donne le nom de « Schuss ». Sa créatrice est Aline Lafargue, auteure de films animés pour enfants à l’ORTF, et sa marraine est Colette Renard, chanteuse et comédienne. Plus de détails sur la création de la mascotte à cette adresse.
[5] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Bigophone