Décryptage de la semaine
Fréquemment employé dans le champ politique contemporain, l’idiome nettoyer les écuries d’Augias signifie prendre des mesures radicales, pour pallier au mal chronique de certaines pratiques et agissements moralement condamnables.
Mais pourquoi rapporte-t-on cette définition à des écuries ayant appartenu à un certain Augias ? De quelle époque date le sens de cette expression ?
Pour lever le voile qui drape l’idiome, il faut revenir à la période des légendes antiques grecques. Héraclès (Hercule dans la mythologie romaine) se voit imposer par son plus vieil ennemi Eurysthée douze travaux, dans le but de laver son honneur du meurtre de sa femme, Mégara, et de ses fils. Dans la liste des tâches à accomplir, la cinquième consiste à purifier en une journée les écuries nauséabondes du roi d’Elide, nommé Augias. Les écuries abritant un troupeau de 3000 bœufs sont laissées en jachère depuis 30 ans, la crasse accumulée et les odeurs qui en exsudent empêchent quiconque d’y pénétrer.
Pour accomplir ce cinquième acte, Héraclès a l’idée ingénieuse de détourner de leurs lits les fleuves Alphée et Pérée. Dirigés vers la place encrassée, les cours d’eau affluent si puissamment qu’ils suffisent à nettoyer de fond en comble les écuries du roi malpropre. Malgré le succès éclatant de l’entreprise, Héraclès se voit pourtant refuser la validité de la tâche accomplie pour avoir accepté une rémunération promise par Augias en contrepartie du service rendu. Le comble du malheur frappe le demi-dieu lorsque le perfide souverain refuse d’honorer sa parole ; un péché qu’ Héraclès ne laissera pas impuni en lui ôtant la vie.
En conclusion l’expression nettoyer les écuries d’Augias se rapporte aux grandes manœuvres employées par Héraclès dans le but d’accomplir une tâche désespérée et désespérante.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Tu trembles avant la sonnerie de la trompette