Décryptage de la semaine
Ce mercredi, O’Parleur fait monter le mercure. Cela tombe bien, c’est l’été mais aussi « Un jour, un destin », la rubrique qui raconte l’origine des… jours (CQFD).
Code Mercuri
Le mercredi est le troisième jour de la semaine[1], succédant au mardi et précédant le jeudi. Sous le soleil, rien de nouveau. Oui, sauf que…
À l’origine, mercresdi (vers 1119), puis merkredi (1339), vient du latin populaire °Mercuris dies, qui signifie « jour de Mercure ».

Pour rappel : auparavant, le calendrier romain suivait le cycle étrusque (nundines)[6] qui comptait… huit jours ! Entre les Ier et IIIe siècles, l’Empire Romain adopte progressivement la semaine de sept jours. Il associe également les jours aux « sept planètes classiques » connues : Saturnus, Sol, Luna, Mars, Mercurius, Jupiter et Venus.

Mercredi, « troisième jour de la semaine », est parfois prononcé populairement mécredi : cette prononciation, condamnée par Vaugelas, était, selon Corneille, la plus populaire au XVIIe siècle.
La Terre Le jour du milieu
Nous retrouvons encore l’influence de Mercure dans de nombreuses langues et dialectes. La forme dies Mercuris a donné le catalan dimecres, l’occitan et le franco-provençal dimecre[7].
Mercuri dies a donné « notre » mercredi et l’italien mercoledi. Mercuris, employé seul, survit dans l’espagnol miércoles, le provençal et le franco-provençal mecre[8], le roumain et le sarde.
Mais l’origine du mot « mercredi » est différente selon les langues et cultures. Ainsi, dans le paganisme germanique, le mercredi est le jour du dieu Odin (Woden), qui donne par exemple « wednesday » en anglais, « woensdag » en néerlandais et « onsdag » en danois, norvégien et suédois.

Pragmatique, la langue allemande, qui nomme le mercredi « Mittwoch » (milieu de la semaine), situe implicitement ce jour comme le quatrième de la semaine. Le nom islandais « Miðvikudagur » suit le même schéma que le nom allemand.
L’essentiel est donc de trouver le juste milieu, si l’on peut dire.
Et mer… credi !
Le mercredi n’est pas uniquement le « jour des enfants ». Au Moyen Âge, le mercredi soir marque le début de la « trêve de Dieu ». Il s’agit d’une suspension de l’activité guerrière durant certaines périodes de l’année, organisée en Europe par l’Église catholique romaine[9].

Nous pouvons également citer le Mercredi des Cendres (lendemain du Mardi Gras), qui marque le début du Carême.
Qui dit « été » dit « sorties ciné ». En France, en Belgique et en Suisse, le mercredi est le jour de sortie des nouveaux films. D’ailleurs, la diffusion de longs métrages le mercredi soir est interdite sur les chaînes de télévision gratuites distribuées en France afin de privilégier la consommation de cinéma en salles.[10]

Plus cocasse, le mot est aujourd’hui un euphémisme de bon ton pour merde, en interjection[11]. Exemple insolite, on retrouve cet emploi dans le film The Mask (1994), où le timide Stanley Ipkiss (Jim Carrey) se refuse à la vulgarité :
Saluons l’équipe de traduction qui a eu l’idée d’utiliser ce sens peu connu et qui a anticipé de 29 ans le décryptage d’aujourd’hui !
À mi-étape des vacances d’été (un peu comme le… milieu de semaine), nous vous souhaitons un agréable week-end !
Hannibal LECTEUR, aime quand Fred dit « Mercuri »
En bonus : la danse de Mercredi Addams 🎥 La Famille Addams (1964-1977)
Avant Christina Ricci et Jenna Ortega, il y a eu Lisa Loring (1958-2023).
Notes et références – Mercredi
[1] Traditionnellement le quatrième jour de la semaine, il est considéré comme le troisième jour de la semaine par la numérotation ISO depuis 1988.
[2] Le mot a été introduit en alchimie. Le métal, jusque-là dénommé vif-argent (encore en allemand Quecksilber), a probablement reçu le nom de mercure par analogie entre sa mobilité et celle du messager des dieux. En outre, les métaux, en alchimie, sont mis en rapport avec les noms des planètes (cf. Martiale, de mars).
Citons également un autre dérivé. Mercuriale, nom féminin et terme d’histoire (1535), pris comme adjectif correspondant au nom latin de mercredi. En effet, la mercuriale était, au XVIe siècle, l’assemblée générale des chambres d’un parlement, convoquée tous les quinze jours, le mercredi. L’avocat et le procureur général y faisaient à tour de rôle un discours sur les réformes et la discipline du Parlement et dénonçaient les fautes commises par les magistrats.
[3] Probablement rattaché à merx « marchandise » (cf. mercier), apparenté au grec ancien μερίζω / merízô, « partager », ou μείρομαι / meíromai, « recevoir sa part ».
[4] Autrefois, on employait son nom dans le langage galant au sens d’« entremetteur, messager d’amour » (1581). Il a d’ailleurs donné son titre à l’un des premiers périodiques français : Le Mercure Galant (1672).
[5] Le 15 mai, les marchands aspergeaient leurs têtes, leurs navires, leurs marchandises et leurs commerces d’eau prélevée dans le puits de Porta Capena. Un important marché se tenait à Rome entre les Parilia, le 21 avril, et Mercuralia.
[6] Les nundines, en latin nundinae (de novem « neuf » et dies « jour »), étaient l’appellation des jours de marché dans la Rome antique. Ce cycle revenait tous les neuvièmes jours. Les nundines se représentaient donc constamment après huit jours révolus.
[7] Ainsi que l’ancien français demerkes (XIIIe siècle), noté en Wallonie et en Flandre.
[8] Anciennement mecres.
[9] Historiquement, elle a le plus longtemps pris la forme d’une trêve du mercredi soir au lundi matin, ainsi que pendant tout l’Avent, à Noël, pendant le Carême et le Temps pascal).
[10] Décret n°90-66 du 17 janvier 1990 – Article 10.
[11] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
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