Décryptage de la semaine
Interro’, exams, bachotage… Pfff ! On aimerait bien avoir une mémoire eidétique pour tout retenir… Une quoi ?! C’est parti pour l’explication d’un mot que vous n’oublierez pas de sitôt !

Eidétique, qu’est-ce que ça veut dire ?
Eidétique[1], adjectif et nom masculin, est un emprunt à l’allemand eidetisch (adjectif), et Eidetik (substantif). C’est le philosophe Edmund Hussel qui créé ces termes en 1913[2]. Ils sont formés d’après le grec tardif εἰδητικός / eidêtikos « qui concerne la connaissance, la représentation », d’après εἴδω / eidos « aspect extérieur, forme »[3].
Le mot s’applique à une image d’une netteté hallucinatoire (1925) ; en phénoménologie (science des essences), l’adjectif signifie (1936) « qui concerne les essences, abstraction faite de l’existence »[4].
La mémoire eidétique dans la peau
En psychologie, l’image eidétique est l’aptitude de certains sujets à se représenter visuellement, avec une exactitude quasi photographique, colorée, vive et concrète, une scène ou des objets perçus récemment[5]. C’est pourquoi on la qualifie souvent de « mémoire photographique ».

C’est Gordon W. Allport qui parle le premier d’imagerie éidétique en 1924. Il qualifie alors la capacité exceptionnelle de jeunes enfants à décrire minutieusement une image visualisée pendant 25 secondes[6]. Allport note également qu’une grande majorité d’enfants possède cette capacité[7] et que leur mémoire est très supérieure à la mémoire visuelle de l’adulte[8].

La mémoire eidétique, qu’elle soit photographique ou absolue, s’appuie régulièrement sur la capacité à fixer, en quelques instants, une information pourtant complexe au départ. Il peut s’agir d’une image, d’un texte, d’un son, d’une situation géographique précise, etc.

Souvenirs, souvenirs…
Au terme de ce décryptage, à défaut de stimuler votre mémoire, nous espérons avoir éclairé votre lanterne. Si vous n’êtes pas doué(e) de mémoire eidétique, pas de panique ! Il existe des méthodes de mémorisation (mnémotechniques, associations d’idées, répétition, technique « séquentielle »…) permettant d’améliorer vos aptitudes[10].
Hé oui. Comme à peu près tout dans la vie, la mémoire, ça se travaille, ça se soigne et ça s’entretient. Quant à moi, j’avais une méthode imparable pour tout mémoriser mais… j’ai oublié !
Hannibal LECTEUR, au fond du trou (de mémoire)
En bonus : un petit exercice de mémoire visuelle qui aurait plu à Sherlock Holmes 🎥 Avez-vous relevé les 21 différences ?
Notes et références – Mémoire eidétique
[1] Parfois éidétique.
[2] Repris par le psychologue Erich Rudolph Jaensch en 1920.
[3] Cf. ide, idée.
[4] En dérive le terme éidétisme, nom masculin (1952), employé en psychologie. Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
[5] Définition reprise du Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine – version 2023.
[6] Il rapporte des travaux allemands réalisés par E.R. Jaensch à l’université de Marbourg.
[7] Sur la base de l’échantillon réalisé en Allemagne, Allport évalue à 60 % la proportion des enfants entre 10 et 15 ans qui ont cette faculté.
[8] Résultats à nuancer toutefois. Certaines études plus récentes affirment que cette capacité est rare chez les enfants de 6-12 ans. D’autres contestent le principe de la mémoire eidétique tel que nous le connaissons.
[9] Pour écouter cette histoire, voici le lien vers le podcast MAXXI Classique.
[10] Voir le blog de Sébastien Martinez, champion de France de mémoire 2015. Les exemples sont tirés de son article.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Cancre