Me voici de retour d’Amsterdam où je suis allée, pour votre plaisir mais aussi le mien assister à l’exposition Banksy qui se tient actuellement au MOCO (MOdern COntemporary Museum Amsterdam). Jusqu’au 30 septembre sont présentées plusieurs œuvres de Banksy, une pièce 3D signée Roy Lichenstein ainsi que certaines œuvres d’Arsham.
Je vous propose donc de profiter de cette exposition pour faire un petit focus sur le street art et les œuvres de Banksy.
Pour commencer comment est né le street art, aussi appelé Art urbain ?
La naissance du graffiti moderne peut être estimée vers 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale avec Kilroy. Petite anecdote : Kilroy, ouvrier dans une fabrique de bombes à Détroit avait pris pour habitude d’inscrire « Kilroy was here » sur chaque élément passant sur sa ligne de production. Envoyé ensuite sur le front européen, l’ouvrier devient vite célèbre et les soldats se mirent à écrire partout « Kilroy was here ».
L’expansion du phénomène « street art » arrive lui un peu plus tard dans les années 1970 avec d’une part la construction intensive de logements sociaux composés de grandes barres, représentant, pour les graffeurs un parfait canevas et d’autre part l’accessibilité au grand public à partir de 1960 des aérosols de peintures dites « émaillées », originellement destinés à la peinture automobile.
Ensuite interrogeons-nous sur la question de savoir s’il s’agit d’« Art ».
D’un point de vue purement théorique, il est irréfutable que tant dans les techniques employées (collages, pochoirs, aérosols…) que dans les démarches poursuivies par les street artistes (fresques murales, œuvres gigantesques, œuvres éphémères …), nous pouvons y trouver une certaine acception de l’art.
Mais la vraie problématique lorsque l’on parle de street art est que les street artists remettent en cause le mode de présentation de l’art. Là où certains se bornent à la toile blanche et aux spectateurs venus au musée, les street artists prennent possession des espaces publics s’assurant ainsi un plus grand nombre de vues et s’imposant ainsi au baladeur tranquille. Avec eux, « l’art s’est déplacé de l’objet spécialisé en galerie vers l’environnement urbain réel ».
Bien qu’il peine à gagner ses lettres de noblesse, le street art est bien l’un des mouvements artistiques le plus important du XXIème siècle, les œuvres de street art sont de plus en plus porteuses de messages et leurs artistes sont pour beaucoup des artistes confirmés (Keith Haring mort à 32 ans mais qui aurait aujourd’hui 62 ans et dont les œuvres sont connues et reconnues, FUTURA à plus de 60 ans, JONONE 52, etc.).
Et Banksy dans tout ça ?

Difficile de sortir du conditionnel pour vous parler de Banksy. En effet excellant dans l’art d’échapper aux médias, il est parvenu à préserver son anonymat. Il serait donc né en 1974 en Grande-Bretagne et aurait débuté avec un groupe de graffeurs de Boston. Il débute avec des graffitis réalisés à la bombe aérosol et à main levée, seule sa signature étant faite au pochoir. Il utilisera ensuite cette technique du pochoir pour l’image et commencera alors à adopter le ton satirique et humoristique qu’on lui connaît.
S’approprier la rue pour marquer les esprits a toujours été son leitmotiv et ressortent de ses œuvres un grand cynisme et des messages forts. Si ses prises de paroles sont rares ses œuvres parlent pour lui.
Une des œuvres majeures est réalisée à 2003 à Bethlehem et s’intitule « flower thrower » illustrant la préoccupation de Banksy pour le sort des Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. On y voit un jeune homme prêt à lancer non pas une grenade mais un bouquet de fleurs.
Apparaît ensuite chez Banksy la thématique de la surveillance avec notamment son œuvre « what are you looking at » écrite au pochoir sur un mur face à une caméra de surveillance. Banksy est conscient que la surveillance s’est infiltrée peu à peu au Royaume-Uni, représentant pour lui un sujet préoccupant. Etrangement, l’œuvre, située à Londres, a été recouverte et la caméra retirée peu de temps après.
Banksy réel défenseur de l’art s’attaque également au vandalisme qu’il entend distinguer du street art avec son œuvre « Vandalism is art ». Pour illustrer la différence fondamentale de substance entre « vandalisme » et « art », il superpose à un graffiti basique (pénis grossièrement dessiné) une représentation plus classique de son art : un peintre avec sa palette, fin, inspiré et brillant … Sans vandalisme toutefois, le message de Banksy ne manque jamais de force, voire de violence : « Un mur est une arme redoutable. C’est l’une des plus dangereuses avec laquelle vous pouvez frapper quelqu’un ». Il ne manque jamais non plus de sens de la provocation : « tous les artistes sont prêts à souffrir pour leur art mais pourquoi si peu veulent ils apprendre à dessiner ? ».
En tout état de cause, rassurez-vous, pas besoin de se déplacer jusqu’à Amsterdam pour aller admirer les œuvres de Banksy, il débarque à Paris en juin 2019 au musée du graffiti !
Retrouvez notre précédent billet d’art → Yves le monochrome