Décryptage de la semaine
« On s’assit autour de la table, et le zingueur voulut verser le café lui-même. Il sentait joliment fort, ce n’était pas de la roupie de sansonnet. »
(Emile Zola, L’Assommoir, 1877)
Aujourd’hui tombée en désuétude, la roupie de sansonnet a fait son entrée dans notre vocabulaire au XVIIIe siècle.
Contrairement à une idée reçue, la roupie ne désigne pas une monnaie, mais trouve son étymologie dans le latin médiéval, rupita, qui signifie « sale, crasseux, gluant » et désigne l’humeur sécrétée par la muqueuse nasale et qui pend au nez par gouttes[1]. En langage commun, nous parlons aussi de « morve ».
Quant au sansonnet, il s’agit d’une variété d’étourneau, mais on ignore la raison de sa présence dans cette expression, qui signifie « Cela n’a pas de valeur, c’est sans intérêt ». Il existe également une variante de l’expression : « c’est de la roupie de singe »[2].
A noter que ce n’est pas la première fois que l’homme préfère attribuer aux animaux ces expressions liées aux manifestations corporelles peu flatteuses : « ça ne vaut pas un pet de lapin », « c’est de la crotte de bique » ou « c’est du pipi de chat ».
Hannibal LECTEUR
En bonus : la fiche d’identité du sturnus vulgaris… pardon, du sansonnet
[1] Source : https://www.cnrtl.fr/definition/roupie
[2] Source : Petite histoire des expressions, Gilles HENRY, Marianne TILLIER, Isabelle KORDA, p. 285.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Le petit Jésus en culotte de velours