Illustration du décryptage La puce à l'oreille
La puce à l'oreille

Expression ~ La puce à l’oreille

Décryptage de la semaine

« Fille qui pense à son amant absent,

Toute la nuit, dit-on, a la puce à l’oreille »

Jean de la Fontaine, Le Rossignol (1709) [1]

 

Petit insecte sauteur, parasite de l’homme et des animaux, la puce[2] entre dans quelques expressions, dont celle du jour, la puce à l’oreille, qui est aussi la plus ancienne. Ouvrez grand vos oreilles !

Au Moyen-Âge, avoir/mettre la puce à l’oreille (XIIIe siècle : avoir la puche en l’oreille) a d’abord signifié « provoquer ou avoir un désir amoureux » (en somme, quand quelqu’un est touché par la flèche de cupidon). 

On retrouve l’expression ou des variantes dans la littérature, notamment chez Rabelais, qui s’interroge sur la question du mariage à travers Panurge :

 

« Au lendemain Panurge se feit perser l’aureille dextre a la Judaique, & y atacha un petit anneau d’or a ouvraige de tauchie, on caston duquel estoit une pusse enchassée. […] N’entendent le bon Pantagruel ce mystere, le interrogea demandant que praetendoit ceste nouvelle prosopopée. J’ay (respondit Panurge) la pusse en l’aureille. je me veulx marier. »[3]

 

On peut également parler de « démangeaisons amoureuses », conservant l’idée de picotement par un insecte[4].

Ce sens perdure jusqu’au XVIe siècle, avant de prendre son sens moderne (XVIIe siècle). Aujourd’hui, avoir la puce à l’oreille signifie « être inquiet, intrigué, mis en éveil, se douter de quelque chose sur les bases d’une information ténue ».

Et quel plus bel exemple que La Puce à l’oreille, vaudeville de Georges Feydeau basé sur des quiproquos et des malentendus entre les personnages qui se suspectent tous mutuellement d’adultère, pour illustrer l’expression !

 

Hannibal LECTEUR

 

En bonus : Le Rossignol, de Jean de la Fontaine

 

[1] in. Contes et nouvelles en vers par Monsieur de La Fontaine, A Amsterdam chez Pierre Brunel, sur le Dam à la bible d’or, 1709

[2] D’abord pulce (v.1170) puis puce (XIIIe siècle). Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.

[3] COMMENT PANURGE avoit la pusse en l’aureille, & desista porter sa magnificque braguette. In. Tiers livre des faits et dits Héroïques du noble Pantagruel : composés par M. François Rabelais, Docteur en Médecine, et Calloier des Iles d’Hyeres. Consultable à cette adresse

[4] Source : Petite histoire des expressions, Gilles HENRY, Marianne TILLIER, Isabelle KORDA, p. 141.

Retrouvez notre précédent Décryptage → Être fier comme Artaban