Décryptage de la semaine
O’Parleur essaie de se remettre à flot avec le kayak. Explication dans un billet qui n’a pas fini de ramer !

L’inuit porte conseil
Le kayak[1]est un type de pirogue légère utilisant une pagaie pour le propulser, le diriger et l’équilibrer.

D’abord nommé cayac (1829), kajack (1840), kaïak (1841-1842) puis kayak (1851), kayak est emprunté à un mot inuit (eskimo) désignant une embarcation légère utilisée du Groenland à l’Alaska[2].

En effet, c’est aux Inuits que nous devons cette invention vieille d’au moins 4 000 ans[3]. Ils utilisaient ces canots pour la chasse[4] sur les côtes de l’océan Arctique, l’Atlantique Nord, la Mer de Béring et le Pacifique Nord.

Le mot kayak signifie d’ailleurs « bateau de l’homme » ou « bateau de chasseur ».
Les Inuits fabriquent leurs premières embarcations à partir de peaux de phoques[5] cousues et tendues sur une structure en bois. Le bois est généralement du bois flotté, puisque beaucoup de leurs territoires sont dépourvus d’arbres.

Les éléments de la structure sont traditionnellement fixés par des assemblages, des chevilles de bois et des liens en cuir.
Big flot et eau vive
Le mot a été introduit chez nous par les relations des missions évangéliques et les relations de voyage vers le Pôle Nord, pour désigner l’embarcation de pêche des Inuits.

Au contact des européens, l’embarcation va connaître des bouleversements. D’abord dans sa conception, puisque les matériaux vont évoluer (bois, puis utilisation de clous, cordes en nylon et plaques de métal, plastique).
Dans son usage ensuite, puisque le kayak va développer d’autres activités. Sa pratique récréative débute ainsi très lentement au XXe siècle en Europe et en Amérique du Nord[6].

Tout s’accélère dans les années 70, avec l’apparition des premiers kayaks en plastique. Son usage dans la navigation en eau vive et dans des rivières inaccessibles aux barques et canoës traditionnels assure son succès.
À partir des années 1990, c’est le kayak de mer qui créé l’engouement, proposant une découverte facile de la navigation et de l’espace marin.
Le kayak aujourd’hui
Outre l’embarcation inuit traditionnelle, kayak dénomme, par analogie, la petite embarcation de sport, faite de toile imperméable tendue sur une armature de bois et, par métonymie, le sport pratiqué avec ce canot.

Le terme de sport a donné le composé canöe-kayak, nom masculin (vers 1950) avec canöe, et kayakiste, nom (1943) qui a évincé la variante kayakeur (1941).[8]
Signalons enfin que kayak est un palindrome[9]. Cette figure de style désigne un mot ou une phrase dont l’ordre des lettres reste le même qu’on les lise de gauche à droite ou de droite à gauche. Toutefois, certains plaisantins affirmeront avec malice que kayak à l’envers, ça ne fait pas « kayak » mais… « glou glou » !
Hannibal LECTEUR, été = kayak = été
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Notes et références – Kayak
[1] Ou parfois kayac (du danois : kajak, issu de l’inuktitut ᖃᔭᖅ, qajaq).
[2] L’anglais a cet emprunt dès 1862.
[3] D’après les plus vieux kayaks conservés au Musée d’ethnologie de Munich. Source : « Made in Anglesey, paddled in the Arctic: the Inuits’ plastic kayak rules the waves », The Sunday Times, 28 décembre 2006.
[4] Principalement des phoques, mais aussi des baleines, des ours et des caribous dans certains territoires. Contrairement à une idée reçue, ils ne l’utilisaient pas pour pêcher, à la différence du kayak moderne.
[5] Parfois d’autres mammifères marins.
[6] Peut-être en raison d’une difficulté de construction.
[7] Infiltration de commandos depuis l’estuaire de la Gironde vers le port de Bordeaux.
[8] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
[9] Du grec πάλιν / pálin (« en arrière ») et δρόμος / drómos (« chemin, voie »).
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