Décryptage de la semaine
Ce jeudi, O’Parleur se croit sorti de la cuisse de Jupiter. C’est « Un jour, un destin », la rubrique qui raconte l’origine des… jours (CQFD).
Coup de Foudre
Le jeudi est le quatrième jour de la semaine[1], succédant au mercredi et précédant le vendredi. Sous le soleil, rien de nouveau. Oui, sauf que…
À l’origine, jeudi, d’abord juesdi (1119), vient du latin Jovis dies qui signifie « jour de Jupiter »[2].

Pour rappel : auparavant, le calendrier romain suivait le cycle étrusque (nundines)[3] qui comptait… huit jours ! Entre les Ier et IIIe siècles, l’Empire Romain adopte progressivement la semaine de sept jours. Ils associent également les jours aux « sept planètes classiques » connues : Saturnus, Sol, Luna, Mars, Mercurius, Jupiter et Venus.

On pourrait presque dire que tout ne s’est pas fait en un éclair !
À Thor ou à raison Jupiter
Jupiter semble donc régner sans partage sur l’origine du jeudi. Certains noms romans remontent au type dies Jovis, tel le catalan dijous, l’occitan et le franco-provençal dijou et l’ancien français dioes (XIIIe-XIVe siècle).
On retrouve Jovis dies en français et dans l’italien giovedi ; le type Jovis se retrouve dans l’espagnol jueves, le provençal et le franco-provençal jou, et en roumain.
Quant à l’allemand Donnerstag et l’anglais Thursday – coup de tonnerre ! –, ils contiennent le nom germanique du tonnerre divinisé assimilé au Jupiter romain.

Aucune raison toutefois de voir les événements tourner à l’orage.
Le retour du jeudi
Le mot désigne le quatrième jour de la semaine. En France, jusqu’en 1972, les élèves de primaire n’allaient pas à l’école le jeudi[4].
Le syntagme jeudi saint, qui désigne le jeudi de la semaine sainte, a évincé l’ancien jeudi absolu, (ou jeudi de l’absoute)[5]. La semaine des quatre jeudis (1867), variante récente de la semaine des trois jeudis (1532) équivaut à « jamais »[6]. Notons qu’en 1971 Patrick Topaloff enregistre sa chanson La Semaine des quatre jeudis.
Mais il est déjà l’heure de conclure. Nous vous souhaitons donc un bon week-end, par Jupiter !
Hannibal LECTEUR, aime quand Guy l’éclaire
En bonus : pour vous, c’est le supplément de la semaine, mais pour M. Bison, c’était juste un jeudi 🎥 Street Fighter (1994)
Si le film reste un sommet de nanardise, avec un Jean-Claude Vandamme en roue libre, saluons l’ultime apparition de Raul Juliá. L’acteur livre une prestation qui oscille entre théâtralité, second degré et une pointe de cruauté. En prime, il nous offre cette réplique culte, soulignée par la réaction incrédule de Ming-Na Wen. Preuve que même le pire des navets peut avoir son bon moment.
Notons que dans la version originale, Bison dit « it was Tuesday » (« C’était un mardi »). Cet écart délibéré de traduction est probablement dû à la synchronisation labiale, jeudi « sonnant » plus proche de « tuesday » que « mardi ».
Notes et références – Jeudi
[1] Traditionnellement le cinquième jour de la semaine, il est considéré comme le quatrième jour de la semaine par la numérotation ISO depuis 1988. Une norme récente ISO 8601 désigne le jeudi comme le milieu de la semaine. Les jeudis d’une année déterminent la numérotation des semaines : la semaine 1 est la première contenant un jeudi.
[2] De dies « jour » (cf. jour, diurne) et de Jovis, génitif de Jupiter (Juppiter par redoublement expressif du p), nom latin du roi des dieux de l’Olympe. Le terme latin est issu d’un type °ju-pater dans lequel °ju- provient (de même que dies), de la racine indoeuropéenne °die- « briller » (cf. dieu, jour), et qui signifie « dieu-père » ou, mieux, « jour-père ». Plaute et Varron emploient d’ailleurs le terme de Diespiter pour désigner Jupiter, ce qui peut être perçu comme une forme dérivée de Dies pater, à savoir le Père des jours. Jovis est aussi à l’origine des mots joubarbe, jovial.
[3] Les nundines, en latin nundinae (de novem « neuf » et dies « jour »), étaient l’appellation des jours de marché dans la Rome antique. Ce cycle revenait tous les neuvièmes jours. Les nundines se représentaient donc constamment après huit jours révolus.
[4] Le jeudi est remplacé par le mercredi en 1972.
[5] Cf. Dimanche pour le même type de formation sémantique.
[6] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Mémoire eidétique