Décryptage de la semaine
Hier, le soleil brillait. Vous aviez le ticket gagnant de la loterie. Et l’amour de votre vie vous envoyait un message disant que OUI, vous étiez également l’élu(e) de son cœur. Aujourd’hui, il pleut. Le ticket gagnant est en fait celui du mois précédent. Et l’amour de votre vie vous a renvoyé un message « dsl, moV n° »… Il y a les jours avec et les jours sans. Si son sens est limpide, d’où vient cette expression ?
Il y a les jours avec décryptage et les jours sans étymologie
Une fois n’est pas coutume, pas d’étymologie dans le décryptage. L’expression du jour s’explique par son contexte historique. En effet, Il y a les jours avec et les jours sans fait allusion aux restrictions alimentaires lors de la Seconde Guerre mondiale.
D’août 1940 à octobre 1941, l’Occupation se durcit en France. Les magasins français connaissent rapidement des problèmes de ravitaillement. Face à cette situation, le ministère du Ravitaillement rationne de plus en plus de denrées.
A titre d’exemple : pain, pâtes alimentaires, sucre, beurre, fromage, viande, café, charcuterie, œufs, huile, chocolat, poisson frais, légumes secs, triperie, pommes de terre, lait et vin, voire légumes frais épisodiquement. Bien que longue, cette liste est non exhaustive. Et ne parlons pas des matières premières!
On classe chaque Français par catégorie en fonction de ses besoins énergétiques, de l’âge, du sexe et de l’activité professionnelle. Chacun reçoit alors la ration en rapport avec cette catégorie[1].
La faim justifie les moyens?
Les mercredis et vendredis deviennent officiellement des jours sans viande. Bientôt, pour la population, les jours avec s’opposent aux jours sans viande.
Les portions sont réduites et les queues devants les magasins s’allongent… Comme à chaque fois en période de crise, certains arrivent à tirer profit de la situation en mettant en place un Marché Noir où l’on vend les denrées à des prix exorbitants. Certaines personnes tenaillées par la faim en sont réduites aux pires extrémités. Ainsi, le 31 Octobre 1941, plusieurs journaux publient cet avis :
« Mangeurs de chats, attention !
Par ces temps de restriction, certaines personnes affamées ne craignent pas de capturer des chats pour en faire un bon civet. Ces personnes ne connaissent pas le danger qui les menace. En effet, les chats, ayant comme but utilitaire de tuer et manger les rats porteurs de bacilles les plus dangereux, peuvent-être de ce fait, particulièrement nocifs… »[2]
La guerre a pris fin, le rationnement aussi. Depuis cette période, l’expression signifie « Il y a des jours où ça va, d’autres non »[3] et s’adapte à toute sorte de contexte, grave ou léger.
A noter que la Première Guerre mondiale a elle aussi donné naissance à une expression : repartir comme en quatorze (ou « quarante », chroniquée ici), qui signifie « répéter – joyeusement – les mêmes erreurs ». Preuve que tant que l’humanité ne tirera pas de leçons de ses erreurs, il y aura toujours les jours avec et (surtout) les jours sans.
Hannibal LECTEUR
Histoire de dates – Le 8 mai 1945
Qui dit journée de commémoration dit jumelage avec Histoire de dates.
Le 8 mai 1945 marque la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe actée par l’annonce de la capitulation de l’Allemagne.
Après l’invasion de Berlin par les troupes soviétiques le 30 avril 1945 et le suicide d’Adolf Hitler, l’état-major allemand sait sa défaite imminente. Il tente plusieurs fois de négocier une capitulation partielle avec les Etats-Unis. En effet, il souhaite éviter que les troupes allemandes restées à l’Est soient à la merci des Soviétiques.
Mais suite à la découverte des camps de la mort en avril 1945, le général Eisenhower reste intransigeant et refuse catégoriquement.
Le faux départ du 7 mai
Finalement, l’armée allemande signe sa reddition à Reims le 7 mai 1945, à 2 h 41. Il est stipulé que les combats doivent cesser le 8 mai à 23h00. Toutefois, Staline est furieux que la capitulation n’ait pas été signée à Berlin, sous domination Soviétique[4].
Une nouvelle signature a donc lieu dans la nuit du 8 mai, à 23h16, en présence des représentants de l’URSS, de la Grande-Bretagne, de la France, des États-Unis et de l’Allemagne.
Le 8 Mai en France
Le 8 mai en tant que journée de commémoration connait un parcours tumultueux. Peu célébrée jusqu’en 1951, elle gagne en ampleur jusqu’à la fin des années cinquante. En 1959, dans une logique de réconciliation avec l’Allemagne, le président Charles de Gaulle supprime le caractère férié de ce jour. La commémoration se fait alors le deuxième dimanche de mai.
Le 8 mai est à nouveau rétabli en 1968, avant d’être supprimé (bis) en 1975. Il y a là la volonté de construction d’un avenir commun et apaisé avec les membres de l’Union Européenne. C’est en 1981 que le 8 mai est réinstauré définitivement (?) comme jour férié et de commémoration.
La Seconde Guerre mondiale fut le conflit le plus meurtrier de l’Histoire avec plus de 60 millions de morts. Soit 2,5 % de la population mondiale de l’époque.
En bonus : 8 mai 1945, la capitulation de l’Allemagne nazie (archives INA)
[1] Source : Guerres, Crises économiques et les monnaies… Le rationnement en France pendant la deuxième guerre mondiale
[2] In. La Vie des Français sous l’Occupation, Henri AMOUROUX, éd. Fayard, 1961.
[3] Source : Petite histoire des expressions, Gilles HENRY, Marianne TILLIER, Isabelle KORDA, p. 309.
[4] In. Beevor, La Chute de Berlin, 2002, éditions de Fallois, p. 427.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Le travail, c’est la santé