Décryptage de la semaine
Le décryptage se met sur son 31 pour vous parler de « février ». C’est Raconte-mois, la rubrique qui raconte l’origine des… mois (CQFD).

28 jours plus tard (ou 29 ou 24 ou 23…)
Février est le deuxième mois des calendriers grégorien[1] et julien[2]. Il s’agit du mois le plus court de l’année, le seul à compter moins de trente jours. Il possède généralement 28 jours, sauf lors des années bissextiles où il en compte 29. Sous le soleil, rien de nouveau. Oui, sauf que…
Initialement, Février n’existe pas ! Et quand il apparaît (avec Janvier), en 713 av. J.-C. [3], il devient le dernier mois de l’année[4]. Vers 450 av. J.-C., la République Romaine réforme le calendrier romain. La longueur des années peut varier, selon le bon vouloir des pontifes, allant de 355 à 377 ou 378 jours.

C’est pas l’pied, Doc ! Le décompte des mois se fait alors ainsi :
- Mars, Mai, Quintile[5] et Octobre contiennent 31 jours ;
- Et tous les autres mois contiennent… 29 jours ! Sauf…
… Février, qui contient :
- 28 jours durant les années de 355 jours ;
- Mais seulement 23 ou 24 jours dans les années plus longues ! Il est alors suivi d’un mois intercalaire de 27 jours, le mercedonius.
Il faut attendre Jules César et Sosigène d’Alexandrie, qui appliquent la réforme julienne en 46 av. J.-C[6]. Le calendrier se compose alors d’une année commune de 365 jours divisée en 12 mois, et un jour intercalaire ajouté en février tous les 4 ans, lors des années bissextiles[7]. Ouf ! Qui a dit que les voyages dans le temps étaient faciles ?
Februa rit(e)
Février est donc un mois particulier. Son nom (1119) vient du latin febrarius, d’après februarius (mensis) pour « mois des purifications »[8]. C’est en l’honneur de Februa, dieu de la mort et de la purification dans la mythologie étrusque[9].
Dernier mois de l’année dans l’Antiquité, février marque une période de transition entre l’hiver et le printemps. D’après Ovide, on considère ce mois comme une période à risques à cause du changement d’année. Les vivants pourraient subir l’influence néfaste de l’Au-delà[10] ; d’où la nécessité d’un mois de purification annuelle et de renouveau. C’est pourquoi l’on célèbre le rituel de Februa, ou les Lupercales, du 13 au 15 février.
Ces rituels de purification et d’expiation, liés aux cycles saisonniers et agricoles, influenceront d’ailleurs nombre de nos fêtes et coutumes modernes, telles que le Carnaval. Il s’agit d’une « remise à niveau » avant d’entamer un nouveau cycle en Mars.
Toujours d’un point de vue symbolique, la pierre de naissance de février est l’améthyste. On la connaît pour renforcer des vertus telles que la chasteté, la sobriété et le contrôle des pensées. Elle encourage également le calme, la bravoure et la contemplation, prévenant la colère et la violence. On l’associe au dieu Neptune mais aussi à Saint-Valentin !
Sa fleur de naissance est l’iris, symbole de foi, de courage et sagesse. De quoi accueillir la nouvelle année sous les meilleurs auspices !
Et le 30 février ?
Bien essayé, O’Parleur mais ça n’existe pas… Ah oui, vraiment ? Effectivement, ce jour trissextile (c’est le nom) a été utilisé une fois dans l’Histoire. IKEA Et qui a fait ça ? La Suède, en 1712.

En 1699, la Suède décide de passer du calendrier julien au calendrier grégorien. Pour se faire, elle supprime les jours « intercalaires » à partir de 1700 et ceci pendant quarante ans. Sauf que le plan ne se déroule pas comme prévu : certaines années restent bissextiles, d’autres non. Toujours est-il que le calendrier suédois a un jour d’avance sur le julien mais dix de retard sur le grégorien.

En 1711, nos amis suédois décident donc de revenir au calendrier julien, en ajoutant deux jours intercalaires l’année suivante. Ainsi, en 1712, février dura trente jours[11]. Après ce galop d’essai peu concluant, la Suède adoptera définitivement le calendrier grégorien en 1753.
Ouf ! Qui a dit que les voyages dans le temps étaient faciles ?
Hannibal LECTEUR, fait vriller
En bonus : pour bien commencer février, un rituel de purification au son des bols tibétains.
Notes et références – Février
[1] Le calendrier julien est un calendrier solaire utilisé dans la Rome antique. Jules César l’introduit en 46 av. J.-C. pour remplacer le calendrier romain républicain. On l’emploie en Europe jusqu’à son remplacement par le calendrier grégorien à la fin du XVIe siècle.
[2] Le calendrier grégorien est un calendrier solaire conçu à la fin du XVIe siècle pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage. C’est le pape Grégoire XIII qui l’initie et l’adopte en 1582.
[3] Pour plus d’informations, voir l’origine du mois de Janvier.
[4] Son positionnement varie en fonction des auteurs et des calendriers. Ainsi, sous Numa (Pas Pompilius), janvier devient le premier mois, pendant les decemviri (vers 450 av. J.-C.). Cependant, les années romaines restent identifiées par deux consuls, qui prennent leurs fonctions le 1er mai et le 15 mars, jusqu’en 153 av. J.-C. Après cette date, ils les prennent le 1er janvier. Dans le calendrier julien, février est le deuxième mois de l’année.
[5] Ancêtre du mois de Juillet.
[6] Selon une légende, Auguste déplace un jour de février à août lorsque ce dernier est renommé en son honneur, en 8 av. J.-C. Comme juillet, mois de Jules César, compte 31 jours, il aurait désiré que son propre mois en compte autant. Il existe cependant des documents indiquant que l’irrégularité de février date d’avant la réforme julienne.
[7] Un dernier détail : février se partage entre pluviôse et ventôse dans le calendrier révolutionnaire.
[8] Dérivé de februus « purificateur », adjectif à valeur religieuse. Un étymon °feber proposé dans l’Antiquité (Lydus) demeure obscur. Il viendrait peut-être de febris (cf. fièvre), sans certitude.
[9] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
[10] OVIDE Fasti, II, 19-46.
[11] Ce qui correspond au 29 février (calendrier julien) et au 11 mars (calendrier grégorien).
Retrouvez notre précédent Décryptage → Rouler dans la farine