Décryptage être au septième ciel

Expression ~ Être au septième ciel

Décryptage de la semaine

Le son des glaçons, le clapotis des vagues, l’étreinte du soleil… Être en vacances, c’est être au septième ciel ! Si le sens de l’expression est limpide, son origine remonte à un temps que les moins de 2000 ans ne peuvent pas connaître. Installez-vous confortablement sur votre transat’ et savourez notre explication.

 

Naguère des étoiles

Rapide rappel étymologique. Ciel, nom masculin (881), est hérité du latin caelum. Il nous intéresse ici au sens de « voûte céleste », à la fois dans une perspective cosmique, astrologique et au sens courant de « partie du ciel visible, limitée par l’horizon »[1].

En effet, notre expression puise son origine dans l’une des sciences les plus anciennes : l’astronomie ! Depuis que l’homme est apparu, il n’a cessé de vénérer des divinités célestes et d’observer la course des étoiles dans le ciel. Les astronomes de l’Antiquité voulaient comprendre et expliquer les mouvements apparents des astres.

Ils développèrent le géocentrisme, un modèle physique ancien selon lequel la Terre se trouve immobile, au centre de l’univers. Les changements des saisons et de jour et nuit se font donc par mouvements extérieurs à la Terre. Les mouvements des planètes sont circulaires[2].

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Extrait de l’Harmonia Macroscomica d’Andreas Cellarius, 1660/61. Figure montrant les signes du zodiaque et le système solaire avec la Terre en son centre, selon le système de Ptolémée. Source : wikipédia.

 

Les sept voûtes de cristal

Les astronomes (notamment Platon) imaginèrent diverses sphères transparentes et concentriques à la Terre : ils « voyaient » sept voûtes de cristal successives, chacune étant un ciel, avec des mouvements et trajectoires singuliers, et l’ensemble formant le firmament.

Chaque ciel était attribué à un astre. Il y avait :

  1. La Lune
  2. Mercure
  3. Vénus
  4. Le Soleil
  5. Mars
  6. Jupiter
  7. Saturne

Un dieu tout-puissant, le maître de l’univers, trônait quant à lui au firmament.

On mesurait l’intensité du plaisir par rapport à ces « ciels », chacun représentant un degré de plaisir. Très vite, lorsqu’on on éprouvait un état de plaisir ou de bonheur total, on disait « être ravi au ciel » ou bien « être au troisième ciel » (Vénus, déesse de l’amour). Saint Paul lui-même fut en extase jusqu’au troisième ciel. Être ravi au ciel signifiait donc au sens propre être arraché du sol et emmené vers les cieux.

 

Être au septième ciel aujourd’hui

L’expression a perduré à travers les siècles. La gradation du plaisir a augmenté, passant de Vénus à Saturne, sans doute influencée par la symbolique du chiffre 7 (chiffre divin, les péchés capitaux, les vertus cardinales, jours de la semaine, etc.). L’expression est définitivement inscrite dans la langue française vers 1840[3].

Aujourd’hui, être au septième ciel, c’est éprouver « un intense bonheur, un grand ravissement des sens ».[4] Il paraît que le décryptage du O’ peut produire cet effet chez les amoureux de la langue française !

Hannibal LECTEUR

 

En bonus : pour les As des Astres et autres écrémeurs de la Voie Lactée (Association Française d’Astronomie)

 

Notes et références

[1] Pour l’étymologie complète de Ciel, voir notre Décryptage : Le ciel nous tombe sur la tête.

[2] Plus d’informations sur le géocentrisme ici.

[3] Source LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.

[4] Source : Petite histoire des expressions, Gilles HENRY, Marianne TILLIER, Isabelle KORDA, p. 79.

Retrouvez notre précédent Décryptage → Le coup de Vénus