Ça roule (pas) ~ Embouteillage

Décryptage Embouteillage

Décryptage de la semaine

« On aurait dû partir plus tôt ! J’te l’avais dit ! » ;

« Quand est-ce qu’on arrive ?! » scandé toutes les 10 secondes (pour les plus chanceux) – ;

« – PIPI ! – Tu dois faire ?… Non ? Quoi ? T’AS DÉJÀ FAIT ?!?! ».

Ah ! La joie des embouteillages ! Pourtant, tout avait si bien commencé. Les valises étaient prêtes. Le réveil avait sonné à l’heure. Les voisins étaient d’accord pour passer arroser les plantes et vous êtes partis à l’horaire prévu.

Seulement, entre vous et ça….

 

Il y a ÇA !

Décryptage Embouteillage

Qu’on l’aime (NDLR : sérieusement ?) ou non, l’embouteillage constitue la première étape obligatoire des vacances. Et si O’Parleur ne connaît pas le secret de la téléportation, nous pouvons en revanche vous faire passer le temps en vous expliquant le mot du jour.

11 heures de route ? Courage ! Plus que 10h59 à tenir…

 

Un penchant pour la bouteille

Ah ben bravo, juste avant de prendre le volant, c’est du propre ! L’embouteillage (1845) tire en effet son origine de la bouteille[1].

Plus précisément, il vient du verbe embouteiller (1864)[2], qui signifie « mettre en bouteille ». Par l’intermédiaire d’un emploi figuré, en marine, il signifie aussi « enfermer (une flotte, une force ennemie) dans une impasse » (1906).

Au début du XXe siècle, il prend la valeur nouvelle d’« obstruer la circulation »[3]. Son dérivé embouteillage suit la même trajectoire (NDLR : embouteillée ou pas ?) dans ses emplois figurés (1907), en marine, puis pour « obstruction de la circulation ».

Notons que le champ lexical de la bouteille est très usité pour qualifier les problèmes de circulation puisque l’on parle aussi de bouchon[4]. A se dégoûter d’ouvrir un grand cru !

 

L’embouteillage aujourd’hui

Sa définition « simple »[5] est : « encombrement de véhicules qui ralentit/arrête la circulation ». S’il concerne majoritairement le domaine routier, l’embouteillage s’applique également aux piétons, véhicules ferroviaires, voire à un domaine plus vaste pour signifier un encombrement. On peut également l’employer au figuré (pour des démarches administratives, etc…).

Quant au principaux intéressés, les automobilistes, ils préfèreront :

ÇA FAIT UNE HEURE QUE ÇA AVANCE PAS !!! ÇA FAIT CH…

Mais comme le temps passe !  Il est déjà temps de conclure !

Décryptage Embouteillage
Ah ! La courtoisie légendaire de l’automobiliste. Elle faisait déjà merveille du temps des « amphorissages » (Astérix – Les lauriers de César)

Nous vous souhaitons donc un bon voyage et bon courage si vous êtes coincé(e)(s) sur la route. N’oubliez jamais que l’important est le voyage et non la destination. Cela tombe bien, vu que vous êtes… enfin, vous savez… dans les embouteillages

Quand est-ce qu’on arrive ?!

11 heures de route ? Courage ! Plus que 10h56 à tenir…

Hannibal LECTEUR, ronge son frein…

 

En bonus : on oublie les embouteillages avec la Route nationale 7 ♫ Charles Trenet (1956)

 

Notes et références – Embouteillage

[1] Il s’agit d’une modification de botele (1160-1170), lequel est issu du latin populaire °buticula, butticula, également butella, botella, attestés à l’époque carolingienne. C’est le diminutif du bas latin butis « récipient contenant des liquides ou des solides ». On le retrouve dans les textes médiévaux au sens d’outre ou de tonneau. L’italien bottiglia et l’espagnol botella viennent du français. L’anglais bottle (1375) également.

[2] Bien qu’attesté officiellement en 1864, il est sûrement antérieur à en juger par son dérivé embouteillage déjà utilisé.

[3] Surtout au participe passé avec l’adjectif embouteillé, -ée.

[4] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.

[5] Au risque de vous surprendre, il existe plusieurs définitions proposées par des spécialistes, plus ou moins complexes. On cite souvent celle de Thomson et Bull (2002) : « situation qui advient lorsque l’entrée d’un nouveau véhicule dans le trafic augmente le temps de trajet des autres ». Source : Ian Thomson et Alberto Bull, « Urban traffic congestion: its economic and social causes and consequences », dans CEPAL Review, numéro 76, avril 2002, pages 105 à 116. Consultable ici.

Retrouvez notre précédent Décryptage → Juillet, César d’honneur