Décryptage de la semaine
Été, week-end, O’Parleur… C’est le temps idéal pour faire un barbecue ! Dévorez le décryptage du O’, la rubrique qui passe la langue française sur le grill !
L’Amérique, l’Amérique…
Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb débarque en Amérique. Pensant avoir atteint les Indes orientales, il décrit une première rencontre pacifique avec ceux qu’il appelle « Indiens ». Il s’agit en fait d’Arawaks, des Amérindiens des Antilles, issus de la forêt amazonienne[1].

Les Arawaks sont les premiers Amérindiens à rencontrer les Espagnols au XVe siècle. Mal leur en a pris. Ce peuple, décrit comme hospitalier et pacifique par les colons, est réduit en esclavage. Exploitée, la population de l’île est réduite de moitié en deux ans (250 000 personnes). En 1515, il ne subsiste plus que 15 000 « Indiens ». En 1650, tous les Arawaks et leurs descendants ont disparu[2]. Ah ! Les bienfaits de la civilisation…
Si nous ne sommes plus familiers des Arawaks aujourd’hui (et pour cause), nous leur devons néanmoins le mot du jour. En effet, parmi leurs coutumes culinaires, ils utilisaient une claie en bois pour cuire ou fumer la viande. Son nom en arawak ? Barbacoa ![3]
Barbecue : tout feu, tout flamme !
Barbecue est attesté en anglo-américain en 1697 (anciennement sous les formes barbecu, barbacot, barbicue) d’après le mot amérindien[4]. Il désigne proprement les piquets de bois où l’on accroche de la viande à sécher ou à fumer au-dessus d’un feu. Il s’applique ensuite à une rôtissoire (XVIIIe siècle) puis, par métonymie, à la bête rôtie en entier.
Barbecue (ou BBQ) a pris aux États-Unis le sens spécial de « pique-niques où l’on fait des viandes rôties » (1733), puis de « viande grillée rôtie » (1947) « rôtisserie », et enfin « viande accompagnée d’une sauce dite aussi barbecue ».
Ce terme a toujours désigné, en anglais, une pratique exotique. C’est des États-Unis que vient la coutume de préparer ainsi les viandes dans les pique-niques et même chez soi.
Grill était une fois…
En français, nous parlons d’abord de barbacue (1913), puis de barbecue (1954) pour désigner le brasero. Par métonymie, il désigne la grillade faite sur l’appareil, ainsi que la réunion où l’on mange des viandes grillées (1949). Le mot prononcé à l’anglaise ou à la française a résisté aux critiques.
Au Canada, le mot possède le sens américain particulier de « poulet rôti à la sauce barbecue ». Sens inusité chez nous, où le sémantisme du mot est assez proche de celui de méchoui.[5]
Aujourd’hui, le barbecue se cuisine à base de viande, poisson, pizza, légumes ou recettes véganes, etc.

Cela prouve, une fois de plus, qu’en cuisine, la seule limite reste la créativité !
Hannibal LECTEUR, à défaut d’Amérique, a des couverts en plastique
+ Lerato SEKAI, padawan linguiste
En bonus : Un gars, une fille – Barbecue avec leurs copains
L’introduction rappelle des souvenirs…
Notes et références
[1] Le nom d’Arawaks ne désigne pas un peuple en particulier. Il englobe de nombreuses populations amérindiennes d’Amazonie, dont les Kali’na ou Kalinago. Les peuplades arawaks les plus connues sont les Taïnos, qui vivaient principalement sur l’île d’Hispaniola (Haïti, anciennement Saint-Domingue), à Porto Rico et dans la partie orientale de Cuba. Ceux qui peuplaient les Bahamas s’appelaient les Lucayens.
[2] Source : Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, Agone, 2002 (première édition, 1980).
[3] Cf. le terme barbaque.
[4] Une autre explication du mot, non confirmée, serait que l’on embroche l’animal de la barbe jusqu’à la queue. Bon appétit !
[5] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Veuve noire (Marvel en décalé)