Trépi-dent ~ Avoir les chocottes

Décryptage Avoir les chocottes
Une citrouille tenant une petite citrouille entre ses dents bien aiguisées

Décryptage de la semaine

À l’approche d’Halloween, O’Parleur vous propose d’avoir les chocottes. Explication dans un décryptage qui a les crocs !

 

Choc et effroi étymologie

Chocotte est un nom féminin d’abord attesté en argot (1878). Contexte horrifique oblige, son origine est obscure et discutée : on y a vu une variante de chicot dans les sens de « fragment de dent », « reste de chose rompue », avec une influence des mots de la famille de choc.

Décryptage Avoir les chocottes
Dentition et frissons font bon ménage. Nous commençons logiquement avec le vampire, qui est toujours à l’affût d’un mauvais bon cou. Toutefois, pas de quoi vous faire du mauvais sang si vous lui récitez l’incantation suivante : A tchic a tchic a tchic… Ail, Ail, Ail !

Le mot a été employé par les chiffonniers pour « os gras, recueilli pour la revente ».

Décryptage Avoir les chocottes
En parlant d’os, en voilà un qui est mal luné ! Le loup-garou ne manque pas de mordant quand il s’agit de partager sa malédiction. Pour faire fuir ce lycanthrope un brin misanthrope, on lui enverra la baballe, de préférence en argent. Un remède qui marche au poil !

 

Avoir les chocottes aujourd’hui

Chocotte s’est ensuite répandu avec le sens de « dent » (1907, peut-être 1882, selon Esnault). Le développement menant à la locution familière avoir les chocottes « avoir peur » (1914-1918, dans l’argot des soldats) se comprend d’après l’idée de « claquer des dents ».

Décryptage Avoir les chocottes
Ce délicieux docteur Lecter (sans « U », j’insiste) souhaite vous avoir à dîner. Si vous n’êtes pas dans votre assiette à l’idée de devenir son « pote au feu », prétextez une crise de foie (avec des fèves et un excellent chianti). Il restera sur sa faim mais cela vous évitera de passer à la casserole !

Cependant, on a aussi évoqué à son propos une racine onomatopéique tšok (tchok), d’ailleurs difficile à séparer de šǫkê « frisson », chòkè « claquer des dents », voire même de choc « ébranlement nerveux ».

Le mot a d’ailleurs pour dérivé le verbe intransitif chocotter. Il connaît le même glissement de « claquer des dents » à « trembler de peur » (Mort à crédit, Céline, 1936).[1]

Décryptage Avoir les chocottes
Oubliez les racontars carnassiers et autres caries au bal du diable ! Voici un monstre bien réel, qui fait trembler tous les Dracula, croque-mitaines et démons en culottes courtes ! Quand le dentiste ramène sa fraise, vous avez peur de déguster. Vous n’avez pas fini de claquer des dents… sauf s’il les arrache toutes !

Au terme de ce décryptage, nous espérons ne pas vous avoir trop effrayé, de peur que vous ayez… une dent contre nous !

 Hannibal LECTEUR, Trente-deux dents et deux dehors

 

En bonus : pour le meilleur et le vampire 🎥 Dracula, mort et heureux de l’être (1995)

 

 

Notes et références – Avoir les chocottes

[1] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.

Retrouvez notre précédent Décryptage Vendre la peau de l’ours