Décryptage de la semaine
À l’occasion du 11 novembre, O’Parleur raconte l’origine du mot Armistice.
Adieu aux armes
Armistice (1680) vient du latin médiéval armistitium[1] (1335, d’après arma « arme » et statio « état d’immobilité »). Le mot s’applique à un « arrêt des armes » et remplace « suspension d’armes » ou « trêve ». Un dernier détail : contrairement à une idée, reçue, c’est un nom masculin.
Mais pourquoi entend-t-on encore parfois UNE armistice ? Le mot est assez rare durant le XVIIIe siècle. À dire vrai, son seul fait d’arme sur cette période est de… passer au féminin ! Sur le sujet, Émile Littré signale une possible confusion avec amnistie ; confusion qui a pu entraîner et maintenir populairement le féminin jusqu’à aujourd’hui.
Armistice réapparaît au XIXe siècle et reprend son genre masculin. Il connaît surtout la « notoriété » à la fin de la guerre de 1914-1918.[2]
L’Armistice et le 11 novembre 1918
Depuis 1918, en France, le mot évoque en premier lieu la fin des hostilités de la Première Guerre mondiale (pour la Seconde, on parle de la « victoire »).[3]
L’armistice de 1918 est signé le 11 novembre 1918 à 5h15, dans la clairière de Rethondes, à Compiègne[4]. Il est conclu pour une durée de 36 jours mais sera régulièrement renouvelé jusqu’au traité de paix de Versailles le 28 juin 1919[5].

Le cessez-le-feu est effectif à 11h00. Partout en France, on entend les cloches sonner à la volée et des sonneries de clairons qui célèbrent la fin d’un conflit meurtrier.

En quatre ans, la guerre a fait plus de 18,6 millions de morts, d’invalides et de mutilés, dont 8 millions de civils. Certains s’étaient promis que ce serait la « Der des Ders », en vain… L’Histoire et les hommes ont déçu leurs espoirs.
C’était il y a 104 ans, jour pour jour, mais n’oublions jamais.
Hannibal LECTEUR, …
En bonus : générique de fin de Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre (2014)
Chose assez rare pour être signalée, Ubisoft Montpellier a sorti un jeu sur la Première Guerre mondiale en 2014.
Soldats inconnus… raconte l’histoire croisée de cinq personnages qui vont vivre l’absurdité du conflit et ses moments charnières. Évitant tout manichéisme, le joueur incarne des protagonistes de chaque camp, essayant de survivre à cette folie.
Tous se croiseront, veilleront les uns sur les autres, partageront des buts communs. Ils pourront compter sur Walt, un chien secouriste de l’armée allemande, qui n’hésitera jamais à leur venir en aide. Chaque étape du jeu s’accompagne de documents illustrés, expliquant des faits historiques de la période 14-18.
S’il n’évite pas certaines maladresses (rupture de ton entre certaines phases d’histoire et de jeu), il n’en demeure pas moins une œuvre singulière et importante. Véritable « ludo-documentaire », il met en avant un conflit souvent oublié car « trop vieux », « lointain », etc… C’est aussi un récit humain, drôle et poignant, qui nous touche au cœur et éclaire la grande Histoire avec la petite l’histoire de ces soldats sacrifiés.
Notes et références – Armistice
[1] D’après d’autres mots (solstitium, etc.).
[2] A noter : la distinction de droit international entre armistice et paix en a fait un mot institutionnel.
[3] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.
[4] D’où son nom dans le monde anglophone d’Armistice of Compiègne.
[5] Trois fois, précisément : 1/ prolongation d’un mois dans le même wagon à Trèves, le 12 décembre 1918 ; 2/ puis reconduction le 16 janvier 1919 ; 3/ et le 16 février 1919 pour une durée illimitée. La guerre prend fin officiellement le 28 juin 1919 avec le traité de Versailles.
[6] Nous devons sa création à deux femmes : Suzanne Lenhardt, infirmière-major de l’hôpital militaire des Invalides, et Charlotte Malleterre. Émues du sort des blessés dont elles ont la charge, elles veulent les aider à se réinsérer dans la société. Elles créent alors des ateliers où leurs patients confectionnent des bleuets en tissu. Ces insignes sont ensuite vendus au public, ce qui garantit un petit revenu aux anciens combattants. À noter : le coquelicot revêt la même symbolique dans les pays du Commonwealth.
Retrouvez notre précédent Décryptage → Novembre, quoi de neuf ?