Pas de charretier ! ~ À hue et à dia

Décryptage À hue et à dia
Ça commence bien...

Décryptage de la semaine

Si vous êtes du genre à partir dans tous les sens (surtout le mauvais) et que vous n’êtes plus à une contradiction près (et inversement), alors le décryptage du jour est fait pour vous ! O’Parleur va à hue et à dia dans une pastille adroite… non, l’autre droite !

Décryptage À hue et à dia
Ça commence bien… (Tintin, L’Affaire Tournesol, page 38)

À la hue, à la dia et à la trois

L’expression du jour vient du monde des charretiers.

Hue ! est une interjection attestée à la fin du XIIe siècle (vers 1180) mais de sens obscur. Elle représente une variante de l’onomatopée hu[1], relevée comme nom masculin en 1080 au sens de « clameur confuse ».

Faire du ramdam

C’est ensuite une interjection pour faire peur (vers 1165), pour avertir (1176-1181) et pour exprimer le dédain (2e quart du XIIIe siècle).

C’est au XVIIe siècle (1680)[2] qu’on relève hue comme cri pour faire avancer un cheval ; plus précisément pour le faire tourner à droite[3].

Décryptage À hue et à dia

Et pour aller dans l’autre direction ?

Dia, est une interjection (depuis 1561)[4], vraisemblablement de nature onomatopéique. Elle s’oppose naturellement à hue, puisqu’elle représente le cri du charretier lorsqu’il veut diriger son cheval à gauche.

Décryptage À hue et à dia

Les deux termes entrent en combinaison dans quelques locutions familières de sens figuré. Dès 1585, l’expression « qui te mèneront à dy ay et hori ho », puis n’entendre ni à hue ni à dia (XVIIe siècle) signifient « n’entendre pas raison ».

Aujourd’hui, on emploie tirer à hue et à dia (1835, Académie) pour « agir de manière contradictoire, incohérente » ou « aller dans des directions opposées ».[5]

Vivement les vacances pour retrouver un peu de bon sens (dessus-dessous ?) !

Hannibal LECTEUR, monte sur ses grands chevaux

 

En bonus : Upside-down ♫ Diana Ross (1980)

Notes et références – À hue et à dia

[1] On trouve aussi la forme huau (1866, T.L.F.) de hu et ho, hau, autre interjection.

[2] Déjà sous la forme hu en 1635.

[3] Hue compte également plusieurs dérivés. Le verbe huer, dans son premier emploi attesté (vers 1160) signifiait « lancer (lâcher) (un chien) par des cris » puis, en particulier (1174-1200) « crier pour faire sortir le gibier » (au XIIIe siècle, en parlant d’un loup). Le verbe se dit aussi (1174-1176) pour « couvrir (quelqu’un) de huées », sens courant aujourd’hui. Huée, nom féminin, s’est dit (vers 1119) pour « clameur de foule ». Le terme s’est ensuite dit en vénerie. Par spécialisation de sens, huée désigne des cris de dérision et de réprobation (1621).

Huard, nom masculin dérivé de huer à cause du cri de l’oiseau, a désigné le milan (fin XIIIe, début XIVe siècle, hüart), la buse (1611) et aujourd’hui, régionalement, le pygargue (rapaces).

Huette, nom féminin (1555), autre dérivé du verbe huer, est une désignation régionale de la hulotte.

[4] Dans la série interjective houoih, hau dia.

[5] Source : LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française.

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